Patrick Berger architecte, Paris

Monument pour le centre géographique du Japon à Nishiwaki

Comment raconter le centre d’un pays ?
Qu’est ce qu’un centre géographique. Pourquoi lui consacrer un monument ?>
Pourquoi ce principe d’unicité ?
Toutes ces questions renvoient au projet qui répond en rendant visible ce qui n’est, pour l’instant, qu’intelligible. Deux natures, deux formes d’expression s’affrontent : celle plastique, matérielle, du monument qui célèbre, signifie, désigne et celle des paroles qui l’interprètent, qui sont dites autour, désordonnées, suggérées, ayant trait à ce centre, à son idée, au passage de l’idée à sa forme. Le monument ne peut être en cela qu’un récit.
Le fonctionnement symbolique du monument au centre du Japon obéit à une scénographie rigoureuse qui justifie et interprète ses éléments constructifs, règle les gestes et actes symboliques qui célèbrent, chaque siècle, le déplacement tellurique, mais naturel, du centre géographique.

Le déplacement tectonique est au Japon, d’environ 1.5 mètre par siècle.
Cette indication explique que les cents galets pris dans le lit des rivières voisines, disposés en rectangle autour du centre, sont placés à 1.5 mètre les uns des autres. Ils tracent un réseau qui monumentalise ainsi cinq siècles de déplacement tectonique.

Pour célébrer, séculairement l’anniversaire de la fondation du temps originel instauré par le monument et signifier le déplacement du centre géographique, une ligne de galets – le carré le plus extérieur – est retirée du jardin et remplacée par des dalles qui forment un cadre sur lequel les visiteurs cheminent et méditent sur l’idée de centre, de temps, d’espace.
En cinq siècles, les cinq lignes de galets auront été ainsi retirées et remplacées par cinq rangées de dalles, juxtaposées, qui couvriront alors la totalité de la mousse, jusqu’au centre, matérialisé par les lames de titane.

Un bloc d’ambre, disposé au centre du jardin, entre les lames, en s’usant au fil des jours, symbolisera le début du processus, inexorable, de déplacement du centre géographique.
La source qui naît au seuil du jardin et qui signifie à la fois l’évasion du centre, la direction du déplacement et l’endroit précis de la sortie du carré de mousse, ruisselle au milieu de l’escalier monumental qui permet l’accès au jardin.

Les quatre colonnes galbées, symbolisant les volontés divines, sont en bois de cyprès et capuchonnées de métal, aux extrémités.

Voir en ligne : http://www.nishiwaki-kanko.jp/guide...

Voir les crédits

Programme : Monument du centre géographique du Japon

Maître d’ouvrage : Ville de Nishiwaki, Japon

Situation : 35° Latitude Nord, 135° Longitude Est

Conception et réalisation : Patrick Berger architecte

Date : Concours international 1990 (lauréat)

Images : © Atelier Patrick Berger

Photographies : © Patrick Berger

Textes : © Patrick Berger