Le pôle de périnatalité de l’hôpital Cochin, Paris
Ce projet assemble deux qualités attendues pour un pôle MATERNITÉ et PÉDIATRIE : celle de l’efficacité du dispositif médical et celle de l’échelle humaine de l’hospitalisation.
Cette idée se traduit par une unité d’ensemble, un système d’espaces liant l’extérieur et l’intérieur et un contraste entre les plateaux techniques et l’hospitalisation : il y a une lisibilité des fonctions.
Un projet « de densité » dans Paris
Le premier défi du projet consiste à résoudre architecturalement l’ambition du projet : l’insertion d’un programme aussi dense que complexe dans un site parisien très contraint et connoté, autant symboliquement que patrimonialement : Port-Royal.
La première étape : concevoir un modèle d’hôpital pour résoudre la complexité des fonctions de l’outil médical ; le rendre performant autant pour les utilisateurs, médecins et traitants, qu’accueillant, chaleureux et humain pour les mères et leurs familles.
La pertinence du plan modèle permet d’optimiser la lumière et les éclairages naturels qui accompagnent tous les usages.
Les espaces extérieurs sont traités en jardins dans le prolongement de ceux qui trempent le caractère exceptionnel du site et, au-delà, le paysage bien planté du quartier entre le Palais du Luxembourg et l’Observatoire.
La deuxième étape consiste à confronter le Modèle architectural, défini sans contrainte, à toutes les données physiques en jeu, autant celles du programme que celles du site et à résoudre les pressions et les tensions occasionnées par la densité du programme confrontée au « paysage physique », à la surface et à la forme de la parcelle : la nature des sols, les pressions patrimoniales, la réglementation foncière et le caractère des boulevards parisiens.
La morphologie bâtie est le résultat, la forme déduite, de la déformation du type architectural optimisé, confronté à toutes les réalités constitutives du site comme paysage physique.
Trois systèmes distinctifs (structure/fluides/cloisonnement)
Le système structurel et sa matérialité constructive assurent la stabilité de l’édifice dans le temps et permettent d’optimiser son évolution et son adaptabilité à long terme.
La circulation des fluides de toutes natures, horizontale et verticale, épouse celle des personnes. Tous les fluides, électricité, oxygène, thermique, gaines techniques peuvent être adaptés, réadaptés et transformés sans impact ni conséquence sur la vie et le fonctionnement de l’hôpital.
Le système de cloisonnement permet la reconfiguration pour répondre à tous les besoins d’évolution des services, sans toucher ni aux fluides ni à la structure.
Le projet consacre aussi une attention exceptionnelle aux vues, aux passages entre les différentes échelles et, de fait, aux circulations.
Les circulations principales sont éclairées naturellement.
Des circulations optimisées
Les traverses est-ouest créent des séquences au cœur de l’hôpital sur les jardins successifs et ouvrent des points de vue privilégiés vers l’extérieur et Paris.
Les déplacements dans l’hôpital sont traités avec la même attention que les espaces médicalisés pour rendre les parcours et les séjours les plus familiers possibles.
Ils sont rythmés par des espaces structurants qui, en plus d’être les circulations principales, offrent des espaces d’attente en contact direct avec la ville.
Les traverses rythment le bâtiment, permettent son ensoleillement du matin au soir, ponctuent les parcours et, de fait, facilitent l’orientation.
Leurs extrémités sont traitées en salons d’attente pour les familles et cadrent les vues sur Paris.
La dernière traverse, consacrée au service de néonatologie, est dans l’alignement du cloître historique de Cochin ; son retrait donne lieu à la création d’un jardin emblématique dans la tradition des édifices, des jardins et des clôtures du boulevard de Port-Royal.
L’enjeu de la "densité" est résolu non seulement par le traitement complémentaires des trois systèmes qui a permis d’optimiser les circulations des utilisateurs (soignants, patients et visiteurs) pour garantir le confort et l’adaptabilité à long terme, quelque soit l’évolution de l’outil médical ; mais aussi la qualité de l’éclairage naturel, de l’orientation et des vues en relevant le défi architectural du programme "ultra-dense" sur un site urbain et patrimonial ultra-complexe.
Climat, cours et jardins
De l’extérieur, vu de la Ville, le contraste entre les modénatures des allèges de pierre, qui soulignent les partitions des étages d’hospitalisation et celles des façades métalliques reprend et souligne l’opposition entre les plateaux médicalisés et les étages d’hébergement ; entre la grande longueur, à l’échelle de l’avenue, et la partition des chambres.
Les têtes de traverse assurent les partitions verticales de la façade boulevard de l’Observatoire.
Les façades intérieures, sur les jardins développent le principe des feuilles d’aluminium qui suivent, en les magnifiant dans la lumière, les courbes sculptées su cœur et contrastent, elles aussi, avec l’appareil et la modénature minérales des façades des avenues parisiennes.
Les allèges de blocs de pierre calcaire s’alignent, participent à l’intimité des chambres et des mères en les abritant à hauteur de vue. Elles participent aussi, par leur masse minérale, au confort thermique de la chambre : dispositif thermique passif, on profite dans la chambre des modulations de température entre façade sur boulevard et jardin.
Paris
Les écritures différentes participent à créer une architecture pour une avenue parisienne, son unité et sa familiarité la rendent hospitalière.
Voir les crédits
Programme : Conception et réalisation du pôle de périnatalité et de pédiatrie du groupe hospitalier Cochin
Maître d’ouvrage : Assistance publique, hôpitaux de Paris
Situation : bd de Port-Royal, rue Henri Barbusse, av de l’Observatoire, rue Cassini 75014 Paris
Architectes : Patrick Berger et Jacques Anziutti architectes
Conception architecturale : Patrick Berger
assist. : M. Mercuriali
Date : Patrick Berger lauréat du projet de concours national 2004, livraison 2009
Croquis : © Patrick Berger
Textes : © Patrick Berger
Photos : © Johannes Marburg