Le Pavillon des Oiseaux
Le Pavillon des Oiseaux, Grancey-le-Château
Avant de franchir la porte de Grancey-le-Château, vous pouvez apercevoir à côté, depuis l’allée, un dôme qui est immergé dans les bois.
C’était à l’origine une bibliothèque [1] qui devait contenir tous les contes qui ont personnifiés un oiseau : ceux de Charles Perrault, d’Andersen, des frères Grimm, de La Fontaine.... Et le merveilleux que ces fables ont affectées à l’oie, au cygne, à la corneille, au goéland, à l’aigle des mers...
D’autres oiseaux, mais ceux-là vivants en pleine nature, s’y posent parfois ou pénètrent à l’intérieur, si bien qu’il est nommé le Pavillon des Oiseaux : la fiction et la réalité s’y entremêlent.
À première vue, de loin, il pourrait apparaître primitif, mais en se rapprochant sa construction n’est pas aléatoire, elle est réglée.
On hésite devant un travail de vannerie ou d’encorbellement ; sa structure est en acier, érigée par assises successives et les branches saisies à proximité qui la revêtent sont toutes à la taille d’un enfant. Ces éléments créent une claire voie et l’espace oblong permet de se glisser entre les troncs d’une futaie.
C’est mi-homme, mi-animal.
Est-ce les gars du coin qui l’ont construit ? Ou bien est-ce l’Hercule-oiseau qui prit la taille d’un géant à l’origine des sociétés ?
Nous y sommes : ce dôme est un conte.
Ce dernier n’est pas illustré mais construit. C’est ce qu’on imagine sur sa fabrication qui nous le raconte.
C’est un conte comme genre architectural.
Pourquoi une telle entreprise ? Les contes, sans en avoir l’air, peuvent avoir des effets puissants, ils se racontent ici et là, ils voyagent à leur propre rythme, prennent d’autres formes et sous un aspect superficiel, ils propagent des questions souvent philosophiques.
On peut suivre cette piste comme ici :
En parlant d’un endroit apparemment anodin, là où un étalement urbain a commencé à entrelacer l’état naturel et l’état construit puis voir à travers ce flou son contraire, une ressource, un tissage possible, une situation qui permette d’organiser spatialement une coexistence entre l’homme sociable et des animaux sauvages ; chacun menant sa vie de son côté, à distance mesurée.
Un tel projet est-il possible ?
Partir d’une petite échelle pour repenser la grande, procéder par effets progressifs, expérimentaux, pas à pas, et non l’inverse en planifiant.
Le Pavillon des Oiseaux inaugure ici un cheminement ; les bords entre l’anthropologie et l’éthologie y seront explorés.
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[1] Les livres sont aujourd’hui dans l’ancienne poste du village.
Voir les crédits
Programme : Pavillon inaugural d’un centre d’éthologie
Maître d’ouvrage : Le Consortium
Situation : Grancey-le-Château, France
Projet : Patrick Berger architecte
Dates : Esquisse pour le Parc Collodi : 2002 (Patrick Berger architecte ; assist. E. Ropars)
Réalisation à Grancey-le-Château : 2019
Images : © Atelier Patrick Berger
Textes : © Patrick Berger
Maquette : © Thierry Martin et Michel Delarasse
Photos maquette : © Arnaud Rinuccini
Photos réalisation à Grancey : Antoine Espinasseau © Consortium Museum